Manger un morceau de gâteau au chocolat, fumer une cigarette, jouer à la loterie, boire de l’alcool… Autant de plaisirs de la vie qui sont socialement codés comme des vices, du moins au-delà d’une certaine fréquence. Un vice est une activité intrinsèquement gratifiante ayant des conséquences négatives à long terme, mais que l’on poursuit néanmoins consciemment.
Le vice est évidemment réprouvé par la morale judéo-chrétienne, puisqu’il apporte du plaisir. Mais, aujourd’hui, il l’est bien davantage par la morale séculière, qui nous fait sentir coupables si nous ne nous occupons pas consciencieusement de notre santé physique et mentale. Les vertueux ne vont plus à la messe, ils font du jogging régulièrement et mangent du brocoli.
Clairement, au 21e siècle, l’étau éthique se resserre sur le vice. Mais, vicieux de tous les pays, réjouissez-vous. Une étude a montré que le vice peut avoir des effets positifs sur le bien-être psychologique (1).
Cependant, il y a une condition pour que les vertus du vice fassent effet. Il faut se trouver dans une situation où l’on a le sentiment d’avoir peu de contrôle.
Il est vrai qu’habituellement, le sentiment d’avoir du contrôle sur sa vie a des conséquences psychologiques positives. On préfère avoir l’impression de choisir par soi-même que de se faire imposer des choses.
Mais ces deux choses a priori négatives, le vice et la perte de contrôle, peuvent produire quelque chose de positif. C’est comme en mathématique : moins par moins, ça fait plus.
En effet, le vice induit la culpabilité, puisque l’on a généralement conscience de ses effets négatifs à long terme. Et, bien qu’elle ne réduise pas le plaisir associé au vice, la culpabilité consomme de l’énergie mentale, ce qui diminue nos capacités, et notamment celle de nous sentir bien.
Or, le sentiment d’avoir peu de contrôle sur une situation diminue la culpabilité associée et augmente donc le bien-être mental et physique produit par le vice.
Par exemple, dans un party, grignoter salé et boire de l’alcool sont généralement la norme. La pression sociale et le contexte entravent la capacité d’agir de chacun, ce qui diminue le risque de se sentir coupable, et cela laisse libre cours au plaisir. Le party « pogne » lorsque la majorité des gens sont concentrés sur le moment présent et ne pensent pas aux conséquences.
Alors, c’est le moment d’en profiter pour boire, fumer, se goinfrer, etc.
En fait, perdre le contrôle sert le vice.
(1) Chen, Fangyuan, et Jaideep Sengupta. 2014. « Forced to Be Bad: The Positive Impact of Low-Autonomy Vice Consumption on Consumer Vitality ». Journal of Consumer Research, vol. 41, no 4, p. 1089-1107. doi : 10.1086/678321
Photo : Jamie Davies [CC BY-NC-ND 2.0] via flickr.