La consommation, ou les noces de l’humanité et du marché

« Il n’y a rien de plus facile, semble-t-il, que de critiquer la consommation. Personne en tout cas ne s’en prive. L’exercice obéit pourtant à deux règles : la première est de ne viser que la consommation des autres — ceux qui manifestement ne partagent pas nos valeurs, qui n’occupent pas la même position sociale, qui n’ont pas les mêmes goûts ni, donc, les mêmes dégoûts. La seconde consiste à s’attaquer aux pratiques commerciales des entreprises (fraude, publicité, irresponsabilité sociale, etc.), celles, là aussi, auxquelles s’approvisionnent les autres.

Mais a-t-on affaire là à une critique de la consommation ou à l’expression d’un désir de se distinguer dans la consommation ? La question en entraîne une autre : peut-il encore y avoir une critique de la consommation ? La révolution néolibérale des années 1980 a disqualifié toute critique présumée sérieuse de la consommation grâce à la notion de liberté individuelle. Chacun est en effet libre de consommer comme il l’entend — n’est-on pas tous doués de libre arbitre ? L’acte de consommer a ainsi été fortement associé à l’exercice de sa liberté (consommer, c’est voter, a-t-on déjà dit). Le critiquer aurait voulu dire douter des vertus de la liberté individuelle ou, pis, de son existence. Devenue critique de la liberté, une éventuelle critique de la consommation ne pourrait que se heurter à une fin de non-recevoir.

Cet ouvrage revient sur ce présupposé. En analysant la publicité, le marketing, les centres commerciaux, le commerce en ligne, les cartes de fidélisation et autres facettes de nos sociétés, il s’agit cette fois de vraiment décrire le fonctionnement même de la consommation et les mécanismes dans lesquels nous sommes empêtrés depuis plusieurs décennies. »

Ceci est la quatrième de couverture de mon deuxième essai. Il est disponible, entre autres, dans toutes les librairies indépendantes, et sur leslibraires.ca.

Vendu sans garantie d’insatisfaction.

On en parle dans le Quotidien et 95,7 KYK, Radio-Canada, NousTV.

Les limites de la modernité et du néolibéralisme

Les responsables politiques n’avaient pas vraiment d’autre choix que de gérer la crise sanitaire de la Covid-19 comme ils l’ont fait, et ce, pour au moins deux raisons. L’une est philosophique; l’autre, gestionnaire. D’abord, notre rapport avec la mort manque de sérénité, parce que nos sociétés occidentales se sont développées sur le contrôle de la nature. Tant de choses auxquelles nous tenons, comme le progrès, la science ou la technologie, impliquent l’encadrement de la vie et, comme corollaire, de la mort. Des mesures sanitaires peu contraignantes, qui entraîneraient davantage de décès et de séquelles biologiques, sont difficilement envisageables, car elles constitueraient une forme de désaveu de ces piliers de la modernité. Il nous est difficile d’accepter qu’une forme de vie relativement simple comme un virus se joue de nos vies biologiques. Alors, pour sauver la modernité, nous avons sacrifié une part importante de nos vies sociales.

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Être libre, financièrement…

Voici la bande-annonce d’un documentaire intitulé « Liberté. un éveil à l’indépendance financière« , auquel j’ai participé. Produit et réalisé par Antoine Denis, un Sherbrookois de 23 ans, il traite de finance bien plus que de consommation, comme le titre l’indique. Cependant, derrière le thème apparent se cachent des réflexions fondamentales sur nos valeurs.

Ont participé à ce documentaire : Pierre-Yves McSween, Fabien Major, Anne Marcotte, François Lambert, Nelson Mooney, Nathalie Marceau, Nicolas Duvernois, Jean-Sébastien Pilotte, Nicolas Bérubé, Véronique Berthiaume, Dominique Favreau, et moi-même.

Passons sur la présence de deux millionnaires (François Lambert et Nicolas Duvernois)… Quant à Pierre-Yves McSween, il agace, certes. Personnellement, ses solutions très libérales ne me rejoignent pas. En gros, il nous dit : « démerde toi, soit plus intelligent que les autres ». Je crois plutôt qu’au lieu de mettre la responsabilité entière sur chaque individu, il faut dénoncer le système de la consommation qui nous pousse à consacrer trop de temps et d’efforts à travailler. Par contre, son discours a un grand mérite : il constitue une critique radicale et donc subversive de nos valeurs et nos manières de vivre. C’est très rare, et ça mérite d’être souligné.

Même pas besoin de consommer pour participer à la société de consommation

Voici un comportement étrange.

Que fait cette personne ?

Pourquoi ?

Que font-ils tous ?

Ils participent à la société de consommation !

Dans la vidéo suivante, je montre comment on participe à la société de consommation sans acheter. Il suffit d’aimer ou ne pas aimer un produit et de le dire. Ou simplement juger une personne en fonction de ce qu’elle possède.

Je développe davantage ces arguments dans mon essai Le piège de la société de consommation (Liber, 2019), en particulier le chapitre 2, dont voici le résumé :

Le Hummer, le VUS le plus controversé de l’histoire, illustre jusqu’à l’absurde la logique symbolique de la consommation. Certains de ses propriétaires ne se contentent pas d’avoir du plaisir, de se sentir puissants et de se définir par leur véhicule. Fortement critiqués, ils se défendent en faisant de leur achat et de l’utilisation qu’ils font de leur véhicule un acte patriotique. Pendant ce temps, certains de leurs opposants ont manifesté leur désapprobation publiquement, et de manière flamboyante. Ainsi, simplement en diffusant leur opinion sur ce produit, sans même effectuer d’achat, ses détracteurs ont entériné sa charge symbolique, et ont donc participé à la reproduction de la société de consommation. Les uns comme les autres ont contribué à donner à cet objet une importance démesurée.

Photo : edkohler [CC BY 2.0] via flickr

Choisir entre l’économie et l’écologie

Dans cet article de Ricochet, intitulé Le paradoxe de la relance, entre consommation non-durable et développement durable, le journaliste Simon Paré-Poupart met en perspective les propos de Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal, et Mia Homsy, directrice générale de l’Institut du Québec, avec les miens. Nos points de vue sont assez différents. Pour ma part :

  • Je ne vois pas comment on peut stimuler l’économie sans faire augmenter la consommation.
  • Je ne vois pas comment on peut relever les défis environnementaux sans faire diminuer la consommation.
  • Bref, contrairement à ce que l’on tente de se faire croire, j’ai bien peur que l’on soit obligé de choisir entre la croissance économique et la sauvegarde écologique.

Pour l’instant, on a choisi l’économie. Prenons en acte, et ne nous privons d’aucun produit, pour des raisons écologiques, dès lors que l’on en fait de la publicité. Tant et aussi longtemps que le système nous y encourage, nous n’avons pas de raison de nous sentir coupable d’acheter. Voici une suggestion.

Photo: Francisco Schmidt [CC BY-NC 2.0] via flickr

La valeur de Facebook

Le chat est sorti du sac. Le 18 février 2021, Facebook a bloqué des sites d’actualité en Australie en guise de représailles contre un projet de loi l’obligeant à mieux rémunérer les médias dits traditionnels. Pour le sens commun, une telle action est stupide, en plus d’être immorale. Mais, pour le monde des affaires, cela tombe sous le sens. Il s’agit de défendre bec et ongles les intérêts des actionnaires. C’est la raison d’être de l’entreprise privée. Et, en termes de relations publiques, il s’agit de tenter de faire croire que ses actions contribuent au bien commun (le consommateur y gagne, ça favorise la concurrence et l’innovation, ça préserve la liberté, c’est bon pour la croissance et pour l’emploi, etc.).

C’est amusant. Facebook est justement poursuivie aux États-Unis pour abus de position dominante. La compagnie justifie son hégémonie parce que qu’elle offrirait « le plus de valeur » aux consommateurs. Bullshit. Dans cet article publié dans le Devoir, je tente de pulvériser cet argument fallacieux. Inutile de le partager dans Facebook.

Photo: Prachatai via flickr [CC BY-NC-ND 2.0]

Lancement du livre – Le piège de la société de consommation

RVB de base

Les lecteurs et les lectrices de ce blogue sont cordialement invités au lancement de mon essai « Le piège de la société de consommation », à la librairie Les Bouquinistes, au 392 de la rue Racine Est, Chicoutimi, le jeudi 4 avril 2019 à 18 h. Un vin d’honneur sera servi.

Invitation au lancement.